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Faire le deuil d’une relation amoureuse, par Patrick Lambert

La relation amoureuse, la séparation sentimentale, puis la capacité à, de nouveau, se lier affectivement, dépendent, pour les fonctions cérébrales, de la durée nécessaire d’adaptation à l’évolution de la situation vécue. S’adapter à ce qui advient introduit la notion d’advenance, bien différente de la notion de résilience.

Etude sur le comportement relationnel du campagnol des prairies

Le campagnol des prairies est un petit mammifère monogame. Pendant sa courte vie, de neuf mois, il reste en couple stable, les partenaires sexuels se montrant solidaires pour défendre le terrier et la progéniture. Zoe DONALDSON, neuroscientifique du Colorado, a fait paraître en 2023 dans la revue e-life, une étude sur les modifications neurologiques au cours des étapes du statut relationnel de cet animal.

L’appariement du couple se traduit par une signature génétique spécifique de l’activité de transcription des cellules du système nerveux central. La transcription est l’application d’un programme chromosomique, qui se traduit par la production de protéines utiles à certaines fonctions. Ici, nous assistons à la production de protéines utiles à la formation de synapses dans le cerveau glial, traduisant un apprentissage, fonction privilégiée d’un cerveau jeune acquérant des compétences. Le cerveau glial est celui qui reçoit les informations neuronales, et y répond de façon adaptée.

À l’inverse, la rupture relationnelle entraîne très rapidement un bouleversement du fonctionnement du centre du plaisir, traduisant le manque et la frustration, c’est-à-dire le processus de deuil. Il faut quatre semaines de séparation pour que ces modifications s’épuisent, et ainsi permettre à l’animal de se lier à nouveau. La réintroduction de l’ex, à ce stade, démontre que, malgré le deuil accompli, la préférence pour celui-ci persiste dans le choix du nouveau partenaire.

La rupture sentimentale chez l’être humain

Si un parallèle est fait avec l’humain, et son centre du plaisir, le noyau accumbens, qui s’active lors d’une relation sentimentale, la restauration de sa capacité à tomber à nouveau amoureux obéit aussi à des délais. Il est en moyenne de 11 semaines si le couple n’a pas fondé de famille, 18 mois dans l’autre cas. En Occident, il faut généralement près de 5 ans pour passer de l’étape de la simple relation amoureuse à l’étape de la création d’un foyer stable, ce qui, on le voit, n’est pas sans conséquence sur l’advenance.

La souffrance, lors d’une rupture sentimentale, correspond au syndrome de manque de dopamine ; l’acceptation correspond à la fin du sevrage en dopamine, et au travail de désintoxication vis-à-vis de la relation qui était devenue douloureuse ; l’adaptation est une réorganisation du cerveau glial à la nouvelle situation ; et enfin la jouissance correspond à la remise en fonction du centre du plaisir dans la nouvelle relation. Quand ces étapes se succèdent rapidement, l’advenance est grande ; quand elles sont longues, l’advenance est faible.

Il est intéressant de constater que les capacités d’apprentissage sont stimulées par la relation amoureuse ; loin de le rendre aveugle, elle enrichit cognitivement l’individu qui s’y engage, par une nouvelle phase de processus neuro-développemental. La vie sentimentale stable, puis le fait de fonder une famille, permettent au jeune adulte de mûrir, en gagnant des capacités nouvelles, d’autonomisation et de responsabilisation ; il sort ainsi de l’adolescence, parfois de l’adulescence. L’autre constat est que l’advenance est un processus du cerveau glial, et non du cerveau neuronal. Est-ce lui le siège de notre âme ?

Patrick Lambert

Psychiatre, praticien hospitalier au CHU de Nantes, diplômé en médecine légale, responsable du Centre d’Activité Thérapeutique à Temps Partiel du secteur 1 de l’agglomération nantaise, psychothérapeute fondateur de la psychagogie scotocentrée, auteur de “L’analyse psychagogique des rêves”, éditions Fabert.

Directeur et formateur E3PI en Psychopathologie et Analyse psychagogique des rêves.

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