

Combattre l’effet addictif des collations salées, par Patrick Lambert
Nous avions vu dans un article précédent combien les bains de soleil augmentaient l’appétit des hommes par leur effet apéritif. Or, l’apéritif est l’occasion de consommer des produits salés et caloriques, comme du saucisson, des cacahuètes ou des chips (des croustilles en langage académique). Ces grignotages ont tendance à être addictifs. Comment échapper à cette dépendance ?
Une étude, parue le 13 juillet dernier dans le magasine Nature, menée par l’UCSF (University of California, San Francisco), est susceptible de nous ouvrir une piste intéressante. L’expérience menée sur des souris de laboratoire a consisté à mesurer le taux de dopamine, le neuromédiateur de la récompense sécrété par l’aire tegmentale ventrale du cerveau (ATV), suite à une réhydratation. Sans surprise, boire a un effet immédiat sur la sécrétion de cette hormone du plaisir. Moins connu est l’effet retardé : 10 minutes plus tard, déclenchée par la dilution des éléments minéraux du sang, une nouvelle bouffée de dopamine récompense le comportement qui s’est révélé adapté, la réhydratation du cerveau.
Ainsi, quand il fait chaud et que nous nous alimentons, nous jouissons une seule fois quand l’aliment ne fait que stimuler positivement notre goût, par exemple avec un grignotage salé, mais deux fois quand cet aliment contribue à notre réhydratation, par exemple avec des crudités, ou du melon, riches en eau, par un plaisir immédiat auquel succède un plaisir retardé
Alors comment se débarrasser des mauvaises habitudes, ou éviter d’en devenir dépendant ? Par une cure de dégoût. Si l’on s’abstient de boire, ou de consommer des aliments hydratants en même temps que ces aliments salés incriminés, alors la décharge retardée de dopamine ne survient pas, remplacée par une sensation de soif désagréable. C’est ainsi qu’est créé un souvenir, ou reconditionnement, qui, lors du prochain apéro, orientera votre main vers des mises en bouche plus diététiques. Tchin !
Patrick Lambert
Psychiatre, praticien hospitalier au CHU de Nantes, diplômé en médecine légale, responsable du Centre d’Activité Thérapeutique à Temps Partiel du secteur 1 de l’agglomération nantaise, psychothérapeute fondateur de la psychagogie scotocentrée, auteur de “L’analyse psychagogique des rêves”, éditions Fabert.
Directeur et formateur E3PI en Psychopathologie et Analyse psychagogique des rêves.
