

Ménopause : la dégradation du microbiote expliquerait la dépression, par Patrick Lambert
La ménopause est bien connue pour être l’occasion d’une baisse de l’humeur. Parallèlement, on constate une baisse du taux d’hormone féminine. Plus le taux d’œstradiol baisse, et plus la dépression menace. Le responsable est un germe intestinal, la Klebsiella aeruginosa, comme le montre un article paru le 17/02/2023 dans Cells Metabolism.
La diversité et la richesse bactérienne intestinale prévient l’installation de germes pathogènes dans la flore du tube digestif. Une mauvaise qualité du microbiote a été retrouvée chez les femmes ménopausées déprimées. Le coupable, un germe Gram négatif, Klebsiella aeruginosa, sécrète une enzyme qui dégrade l’hormone féminine, ce qui accentue le risque de décompensation dépressive.
Les tests sur la souris sont significatifs. Introduire ce germe dans le tube digestif de l’animal induit un comportement dépressif. Le microbiote contaminé par cette bactérie dégrade expérimentalement l’oestradiol. L’enzyme produite par Klebsiella aeruginosa est capable aussi de dégrader la testostérone, hormone mâle, dont le taux bas provoque chez la souris mâle un comportement dépressif. Or, chez l’humain, un faible taux de testostérone favorise également l’émergence de la dépression.
Le vieillissement hormonal touche les deux sexes. Cela ne porte pas à conséquences quand le microbiote est de qualité, et est capable de se défendre contre d’éventuelles contaminations. Alors, quand la cinquantaine est en ligne de mire, pré et probiotiques sont recommandés pour prévenir la dépression.
Patrick Lambert
Psychiatre, praticien hospitalier au CHU de Nantes, diplômé en médecine légale, responsable du Centre d’Activité Thérapeutique à Temps Partiel du secteur 1 de l’agglomération nantaise, psychothérapeute fondateur de la psychagogie scotocentrée, auteur de “L’analyse psychagogique des rêves”, éditions Fabert.
Directeur et formateur E3PI en Psychopathologie et Analyse psychagogique des rêves.
