

Du nouveau pour le diagnostic de la démence, par Patrick Lambert
Nous savions que le premier signe de démence d’Alzheimer était la désorientation dans l’espace, responsable des premières inquiétudes du sujet, mais plus souvent de ses proches, avec un patient qui pouvait se perdre facilement en ville, ou dans une habitation pourtant connue. Mais voici qu’une équipe de neuroscientifiques de l’Université de Cambridge vient de découvrir que ce signe n’est qu’un aspect d’un trouble bien plus large, qui altère l’adaptation à son environnement.
La capacité de détecter des constantes environnementales permet au sujet de donner du sens au monde qui l’entoure. C’est le rôle d’une région du cerveau, entre lobe frontal et lobe pariétal, dénommée réseau d’exigence multiples (REM), qui détecte les changements de stimulations sensorielles, comme une couleur différente d’un objet standardisé, par exemple la couleur d’un panneau de signalisation routière.
La démence comprend des troubles touchants des fonctions diverses, comme la mémoire, la cognition et le langage. Elle est d’origine multifactorielle. Avoir un signe constant pour permettre le diagnostic quelque soit la forme démentielle est un défi. Ainsi un test sanguin a été mis au point. Il est basé sur le rapport des deux formes de protéine ß amyloïde, Aß42 et Aß40, et de la présence d’une forme de l’apoprotéine E, marqueur d’un variant génétique de vulnérabilité à la maladie. Ce test a un score de probabilité de la présence de plaques amyloïde sur le cerveau, et donc de la maladie d’Alzheimer de 92 % ; c’est à dire que dans plus de 9 fois sur dix, un test positif est confirmé par l’imagerie médicale, le PET scan.
Ici, nous aurions un test de dépistage clinique, et non biologique, d’altération des neurones du REM. Les participants ont été invités à regarder un documentaire avec la bande son remplacée par des bips à une fréquence régulière. La régularité est interrompue de temps en temps par un bip inhabituel, chaque bip déviant étant différent des précédents. Un cerveau normal réagit automatiquement à ces irrégularités par une réponse immédiate des neurones du REM, suivie d’une seconde réponse 0.2 seconde plus tard. C’est cette seconde réponse qui est absente ou diminuée en cas de démence. La première réponse indique que le cerveau à perçu un son, la seconde réponse que le cerveau à repéré que ce son est anormal.
Ainsi, il est possible d’avancer que dans la maladie d’Alzheimer, le sujet ne fait plus la différence entre repères habituels et modifications de l’environnement, ce qui explique qu’il se perd plus facilement, mais aussi que le monde qui l’entoure perd peu à peu de son sens, jusqu’à ne plus reconnaitre ses proches.
Patrick Lambert
Psychiatre, praticien hospitalier au CHU de Nantes, diplômé en médecine légale, responsable du Centre d’Activité Thérapeutique à Temps Partiel du secteur 1 de l’agglomération nantaise, psychothérapeute fondateur de la psychagogie scotocentrée, auteur de “L’analyse psychagogique des rêves”, éditions Fabert.
Directeur et formateur E3PI en Psychopathologie et Analyse psychagogique des rêves.
